Le 20 avril, un chiffre a surpris pas mal d’observateurs dans l’écosystème crypto : Solana a brièvement dépassé Ethereum en valeur totale mise en staking. Une première, et forcément, ça interpelle.
Est-ce un tournant ? Une anomalie passagère ? Ou le début d’une redistribution des cartes sur les blockchains de smart contracts ? On fait le point.
Une progression portée par le prix… et l’enthousiasme
La remontée de Solana, on ne peut pas la manquer. En deux ans, le ratio SOL/ETH est passé de 0,0088 à 0,0866. Dit autrement : Solana a largement surperformé Ethereum sur cette période.
Avec un rendement de staking à plus de 8 % et plus de 53,9 milliards de dollars de SOL bloqués par plus de 500 000 portefeuilles, il y avait clairement un momentum. C’est ce qui a permis à Solana de brièvement devancer Ethereum, qui reste malgré tout très proche en volume staké.
Mais ce dépassement est avant tout symbolique : il montre que Solana, malgré les critiques passées (et pas toujours infondées), revient sérieusement dans la course.
Le staking, une force… mais aussi une limite ?
Ce rendement élevé attire beaucoup de capitaux. Mais certains se demandent si ce n’est pas un peu trop attractif. Quand on peut gagner 8 % en bloquant ses SOL, pourquoi s’embêter à faire du lending ou à fournir de la liquidité dans la DeFi ?
Du coup, le staking pourrait cannibaliser les autres usages de Solana, ce qui serait contre-productif pour un écosystème qui veut aussi développer ses applications décentralisées.
Autre point sensible : Solana n’a pas encore de vrai système de slashing. En clair, les validateurs qui se comportent mal ne sont pas sanctionnés économiquement. Ça pose une question légitime sur la sécurité du réseau. La bonne nouvelle, c’est que l’équipe de Solana travaille sur un système plus robuste avec des pénalités proportionnelles. Affaire à suivre.
Ethereum conserve l’avantage structurel
Il ne faut pas se méprendre : Ethereum reste très solide. En DeFi, il domine largement avec plus de 50 milliards de dollars de valeur verrouillée contre moins de 9 pour Solana. C’est un écart énorme, qui montre qu’Ethereum reste la plateforme de référence pour les applications décentralisées.
Côté validateurs aussi, la différence est nette : plus d’un million sur Ethereum, contre à peine plus d’un millier sur Solana. Niveau décentralisation, le match est clairement à l’avantage d’Ethereum.
Cela dit, Ethereum n’est pas exempt de critiques. La montée en puissance de Lido, qui représente à lui seul 88 % du staking liquide, inquiète certains. Une telle concentration remet en question, là aussi, l’équilibre et la décentralisation du réseau.
2 modèles, 2 visions
Ce qu’on voit à travers cette dynamique, c’est surtout l’opposition (ou la complémentarité) de deux visions de la blockchain.
Solana mise sur la vitesse, l’efficacité, une expérience utilisateur fluide, avec un réseau capable de monter en charge très rapidement. Ethereum, lui, avance avec prudence, met la sécurité et la décentralisation au centre de sa démarche, quitte à évoluer plus lentement.
Ce sont deux approches légitimes. Et pour l’instant, aucune n’a écrasé l’autre.
Ce que ça raconte sur l’écosystème
Ce dépassement temporaire est une photo intéressante d’un marché en mouvement. Il ne dit pas forcément qui « gagne », mais il montre à quel point les équilibres peuvent évoluer rapidement en crypto.
Il rappelle aussi que la performance d’un réseau ne se résume pas à son prix ou à sa valorisation, mais à l’ensemble de ses usages, à sa sécurité, à son adoption réelle, et à la confiance que les utilisateurs lui accordent.
Les prochains mois seront décisifs. Si Solana réussit à corriger ses faiblesses tout en gardant sa dynamique actuelle, il pourrait sérieusement consolider sa place de challenger. Mais Ethereum a encore beaucoup d’atouts pour rester l’infrastructure de référence du Web3.
