Trump, crypto et conflits d’intérêts

Ce mois de mai 2025, Donald Trump fait (encore) parler de lui dans la sphère crypto. Non pas pour une prise de position politique, mais pour… deux dîners. Et pas n’importe lesquels.
L’ancien président et toujours figure centrale du paysage républicain organise deux soirées de levée de fonds liées directement à l’univers des cryptomonnaies.
La première ? Un dîner très privé avec les 25 plus gros détenteurs du memecoin $TRUMP, un token officiel lancé dans son entourage. La seconde, récemment annoncée, réunira les “pionniers de la crypto et de l’IA”, aux côtés d’investisseurs de renom, comme David Sacks (surnommé le Crypto Tzar).
Crypto, politique… et soupçons d’intérêts croisés
Ces événements, à eux seuls, n’auraient sans doute pas provoqué autant de bruit si le prix du billet pour l’un de ces dîners n’avoisinait pas 1,5 million de dollars, ou si une large partie de l’offre du token $TRUMP n’était pas contrôlée par l’organisation Trump elle-même.
Pour certains observateurs, c’est un risque majeur de conflit d’intérêts, voire de corruption déguisée. La sénatrice Elizabeth Warren et le représentant Adam Schiff ont publiquement dénoncé une forme d’accès privilégié à la présidence contre investissement massif dans une cryptomonnaie privée.
Pire encore, des soupçons planent autour d’un financement étranger, notamment en provenance des Émirats arabes unis, via le stablecoin USD1, lui aussi lié à l’univers Trump.
La défense de Trump : « Je ne gagne rien »
Face aux critiques, Trump, fidèle à son style, botte en touche. “Je ne sais même pas combien vaut ce token… et de toute façon, ça ne veut rien dire,” a-t-il lancé lors d’un échange tendu avec une journaliste de NBC. Il insiste : il ne tire aucun profit personnel du projet, et son engagement envers la crypto serait avant tout stratégique. “Si on ne s’y met pas, la Chine s’en chargera,” a-t-il martelé sur Truth Social, son réseau.
Mais les chiffres contredisent ce désintérêt proclamé. Selon Chainalysis, plus de 325 millions de dollars de frais de transaction ont déjà été redistribués à des portefeuilles liés au projet, via un mécanisme intégré. De quoi nourrir le scepticisme, même chez certains partisans du Web3.
Crypto-bro, entre gêne et pragmatisme
Dans l’écosystème crypto, les avis sont partagés. Pour certains juristes comme Cathy Yoon, le projet soulève de vraies questions d’éthique, bien que rien ne soit forcément illégal dans la promotion du memecoin. D’autres, comme Olta Andoni, estiment que le $TRUMP n’est qu’un memecoin parmi tant d’autres, et que Trump ne fait finalement que s’approprier les codes de cette économie décentralisée.
Un point fait cependant consensus : le lien entre politique et cryptomonnaie devient de plus en plus complexe à tracer. Et Trump, une fois de plus, réussit à en faire le théâtre d’un nouveau bras de fer.
Chez Wen, on suit de très près ce genre d’initiatives où crypto, influence et politique se croisent. Pour rester à jour sur les enjeux qui redessinent notre futur numérique, abonnez-vous à notre newsletter et explorez notre site
