Le 2 juin 2025, Christopher J. Waller, membre du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine, a réaffirmé sa position en faveur des stablecoins comme outils de paiement, tout en exprimant son scepticisme quant à la nécessité d’une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) aux États-Unis.

Stablecoins, des catalyseurs de l’innovation dans les paiements
Pour Christopher Waller, les stablecoins représentent bien plus qu’une simple tendance dans le monde des crypto-actifs : ils sont un levier puissant d’innovation dans les infrastructures de paiement. Il insiste sur leur capacité à moderniser en profondeur les transactions, aussi bien dans le commerce de détail que dans les échanges transfrontaliers, souvent ralentis par des intermédiaires bancaires coûteux et des délais importants.
Émis par des entités privées mais adossés à des monnaies fiat comme le dollar ou l’euro, les stablecoins peuvent fonctionner comme des ponts entre le monde traditionnel de la finance et l’univers décentralisé du Web3. Waller voit dans cette émergence une opportunité de créer une concurrence saine face aux systèmes de paiement existants, souvent dominés par quelques acteurs institutionnels.
En permettant des transactions quasi-instantanées, à moindres frais, et accessibles 24/7, les stablecoins pourraient stimuler l’efficacité globale du système financier américain. Pour lui, ce sont des outils concrets pour renforcer l’inclusion financière, accroître la résilience des réseaux de paiement, et répondre aux attentes des consommateurs.
La nécessité des CBDC remise en question
En revanche, Waller demeure sceptique quant à l’introduction d’une CBDC aux US. Il argue que le système de paiement actuel ne présente pas de défaillances majeures nécessitant une telle intervention. De plus, il met en garde contre les risques potentiels liés à une CBDC, tels que la désintermédiation bancaire et les préoccupations en matière de cybersécurité.
Une vision alignée sur le leadership du secteur privé
Waller plaide pour que l’innovation dans les paiements soit dirigée par le secteur privé, estimant que les entités privées sont mieux placées pour répondre aux besoins du marché. Il souligne que le rôle de la Réserve fédérale devrait se limiter à faciliter les discussions et à assurer la stabilité du système financier, plutôt qu’à imposer des solutions centralisées.
Des implications géopolitiques
La position défendue par Christopher Waller ne se joue pas uniquement sur le terrain technologique ou économique, mais s’inscrit aussi dans une dynamique géopolitique plus large. Tandis que des puissances comme la Chine, avec son e-CNY, ou l’Union européenne, via l’euro numérique, accélèrent leurs efforts pour lancer une CBDC, les États-Unis marquent une pause stratégique.
Ce choix pourrait remodeler l’équilibre monétaire mondial. En effet, si le dollar reste aujourd’hui la principale monnaie de réserve internationale, sa domination repose en partie sur sa capacité à évoluer avec les outils financiers modernes. L’absence d’un dollar numérique officiel pourrait, à terme, affaiblir sa compétitivité face à des devises numériques soutenues par des gouvernements étrangers, surtout dans les régions du monde en quête d’alternatives aux systèmes de paiement dominés par les États-Unis.
Cela pourrait aussi limiter l’influence américaine dans la définition des standards technologiques et réglementaires mondiaux en matière de monnaie numérique. En refusant de suivre le rythme imposé par Pékin ou Bruxelles, Washington prend donc un pari risqué : celui de laisser le secteur privé façonner l’innovation, tout en espérant que cela suffira à maintenir l’hégémonie du dollar dans le futur.
