L’Inde pourrait franchir une étape décisive dans son rapport aux cryptos. Pradeep Bhandari, porte-parole du Bharatiya Janata Party (BJP), a proposé le lancement d’un projet pilote visant à constituer une réserve stratégique en Bitcoin. Selon lui, une telle réserve renforcerait la résilience économique du pays, tout en permettant à l’Inde de moderniser son approche en matière de finance souveraine.

Bhandari voit dans cette initiative un moyen pour l’Inde de s’aligner sur les grandes puissances qui intègrent désormais le Bitcoin dans leurs stratégies économiques. Il appelle à une approche mesurée et expérimentale, à travers un programme pilote, qui permettrait d’en évaluer les retombées avant toute généralisation.
Le modèle US et les exemples asiatiques
Pour justifier sa proposition, Bhandari s’appuie sur deux précédents concrets. Les États-Unis ont accumulé environ 200 000 BTC depuis janvier 2025, valorisés à plus de 20 milliards de dollars, démontrant que des États peuvent intégrer le Bitcoin à leurs réserves stratégiques.
Autre exemple cité : le Bhoutan, qui exploite son excédent d’hydroélectricité pour miner du Bitcoin de manière souveraine. Ce modèle, alliant indépendance énergétique et création d’un actif numérique stratégique, inspire Bhandari qui estime que l’Inde possède les ressources pour le reproduire, voire l’amplifier.
Le $BTC devient stratégique
Dans sa déclaration, le représentant du BJP rappelle que le Bitcoin dispose de plusieurs caractéristiques qui en font un actif unique : rareté, liquidité, transparence, accessibilité 24/7, et absence de contrôle centralisé. Il est qualifié d’or numérique, et son intégration dans les réserves publiques pourrait offrir à l’Inde un nouvel outil de souveraineté monétaire, moins exposé à l’inflation et aux pressions extérieures.
Cette proposition arrive dans un contexte énergétique favorable. L’Inde est dotée d’importantes capacités en énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique notamment) qui pourraient être mobilisées pour alimenter des opérations de minage national, à l’image du Bhoutan.
Un cadre fiscal dur mais sans régulation claire
Malgré un certain engouement pour les crypto-actifs, l’Inde ne dispose toujours pas d’un cadre réglementaire structuré. Actuellement, les plus-values liées aux cryptos sont taxées à 30 %, sans possibilité de déduction en cas de pertes. De plus, une retenue à la source (TDS) de 1 % est appliquée à toutes les transactions supérieures à 115 dollars.
Ce cadre fiscal strict n’est pas accompagné d’une législation claire sur l’usage, la détention ou l’investissement public dans les cryptos. Pour Bhandari, cette situation est intenable à moyen terme si l’Inde souhaite jouer un rôle stratégique sur ce marché.
Une opportunité géopolitique et économique
Le porte-parole du BJP insiste sur le fait que cette proposition ne relève pas d’un engouement passager, mais d’une vision stratégique. Selon lui, le temps presse : des puissances comme les États-Unis, la Russie, la Chine ou encore le Brésil s’activent sur la scène crypto, et l’Inde risque d’accumuler un retard technologique et géopolitique si elle ne prend pas rapidement position.
Mettre en place une réserve nationale en Bitcoin permettrait au pays de diversifier ses actifs souverains, d’exploiter intelligemment ses surplus énergétiques, et de renforcer sa position dans les négociations économiques internationales.
