Un événement exceptionnel a secoué la blockchain Bitcoin ce 4 juillet 2025 : 80 000 $BTC, soit environ 8,6b$, ont été déplacés depuis des wallets restés totalement inactifs depuis plus de 14 ans. L’opération a immédiatement éveillé la curiosité et la méfiance de la communauté crypto. Derrière ce transfert se cache une affaire bien plus complexe qu’un simple “réveil” de whale. Pour les curieux comme pour les passionnés, voici ce qu’il faut comprendre.
Rendons tout d’abord à César ce qui appartient à César, cet article synthétisent des éléments disponibles sur l’enquête de @Cyphertux sur X. Bravo à lui !
Un transfert hors du commun
8 portefeuilles très anciens, créés entre 2010 et 2011, à l’époque où Bitcoin n’était qu’un projet underground, ont chacun envoyé 10 000 $BTC vers de nouvelles adresses. Ces portefeuilles étaient de type P2PKH, un ancien format d’adresse très utilisé à l’époque. Rien ne semblait les relier de manière évidente, si ce n’est leur inactivité totale depuis plus d’une décennie… et leur réactivation soudaine, au même moment, dans une transaction unique.
Ce genre de transfert massif n’est pas anodin. Les portefeuilles concernés contenaient des montants gigantesques et n’avaient montré aucun signe de mouvement depuis 2011. La probabilité qu’un seul et même individu, ou groupe, détienne toutes ces clés privées depuis si longtemps sans rien faire, et décide soudainement de les utiliser, semble faible. Tout laisse donc penser qu’il ne s’agit pas d’un simple réveil de “bitcoiners” endormis, mais plutôt d’une opération orchestrée avec une intention précise.
Des messages cachés dans la blockchain
Avant de déplacer les fonds, les auteurs ont inscrit quatre messages dans la blockchain, en utilisant la fonction OP_RETURN, qui permet d’enregistrer du texte dans une transaction. Ces messages ont une portée symbolique, technique… et juridique.
Le premier affirme clairement que les personnes derrière l’opération prennent possession des portefeuilles. Le second lance un défi : si les véritables propriétaires existent encore, qu’ils se manifestent avant le 30 septembre 2025 pour prouver leur légitimité. Le troisième message renvoie vers un site web, salomonbros.com, où une procédure légale de réclamation a été mise en place. Le dernier message est plus énigmatique : une suite de chiffres faisant référence à la série télé Lost, connue pour ses mystères. Ce clin d’œil ajoute une touche artistique à une affaire déjà très théâtrale.
Un autre détail attire l’attention : l’une des nouvelles adresses utilisées pour recevoir les fonds contient le mot “fuck” dans son identifiant. Cela a été obtenu grâce à une technique appelée “vanity address”, qui consiste à générer une adresse personnalisée. Cela montre que les auteurs maîtrisent parfaitement les outils techniques de la blockchain et qu’ils cherchent visiblement à faire passer un message fort, voire provocateur.
Un possible piratage ?
Une hypothèse prend de plus en plus d’ampleur : les portefeuilles auraient été compromis, non pas parce que quelqu’un aurait volé des clés privées stockées quelque part, mais parce qu’il aurait réussi à les recalculer. En effet, à l’époque, certains logiciels de génération de portefeuilles Bitcoin étaient mal conçus. Ils utilisaient une entropie trop faible, ce qui pouvait rendre certaines clés privées prévisibles.
Si tel est le cas, cela signifierait que les auteurs ont réussi un véritable exploit cryptographique, en retrouvant des clés vieilles de plus de dix ans grâce à une faiblesse mathématique dans leur création d’origine. C’est à la fois fascinant et inquiétant, car cela remettrait en cause la sécurité d’une partie des anciens portefeuilles Bitcoin.
Une strat juridique bien préparée
Ce qui rend cette affaire encore plus étonnante, c’est qu’elle semble avoir été pensée non seulement sur le plan technique, mais aussi sur le plan juridique. Le site salomonbros.com présente toute une argumentation fondée sur le droit : les portefeuilles seraient considérés comme “abandonnés”, car restés inactifs pendant plus de 14 ans. Les auteurs estiment que, comme pour un bien immobilier abandonné, il est possible de revendiquer leur propriété si personne ne se manifeste.
Ils ont même laissé un délai de 90 jours, jusqu’au 5 octobre 2025, pour permettre aux éventuels propriétaires de contester. S’ils ne le font pas, les auteurs considèrent avoir agi de façon légitime. Cette transposition du droit de propriété à l’univers du Bitcoin est audacieuse. Elle soulève des questions fondamentales sur la manière dont on définit la possession d’un actif numérique dans un monde où tout repose sur les clés cryptographiques.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
Plusieurs scénarios sont possibles. Le plus inquiétant pour les marchés serait que ces 80 000 BTC soient vendus massivement après le 5 octobre, créant une énorme pression à la baisse sur le prix du Bitcoin. Une autre possibilité serait que les auteurs révèlent publiquement leur méthode, déclenchant une vague de panique chez les détenteurs de vieux portefeuilles potentiellement vulnérables.
Il est aussi envisageable que d’autres portefeuilles anciens soient “récupérés” de la même manière, poussant les utilisateurs à migrer rapidement vers des formats plus modernes et sécurisés.
