Le Sénat américain s’apprête à franchir une étape décisive dans la régulation des cryptomonnaies avec le vote du GENIUS Act (Guiding and Establishing National Innovation for U.S. Stablecoins). Ce projet de loi, débattu depuis des mois, vise à encadrer de manière stricte l’émission et la circulation des stablecoins adossés au $, qui jouent un rôle central dans l’écosystème crypto mondial.

Longtemps retardé par des blocages politiques, le texte a été remanié pour intégrer les préoccupations des deux camps. Ce compromis permet aujourd’hui d’envisager un large soutien bipartisan, ouvrant la voie à son adoption d’ici la fin de la semaine. Comme on le détaille dans notre analyse du GENIUS Act, cette avancée marque un tournant majeur pour les États-Unis, qui tardent depuis longtemps à instaurer un cadre clair pour ces actifs numériques.
Un encadrement strict au service de la stabilité
Le texte impose des exigences rigoureuses : les stablecoins devront être adossés à 100 % par des réserves en actifs sûrs et liquides, principalement des bons du Trésor à court terme. Les émetteurs seront tenus de se soumettre à des audits réguliers, de respecter les règles de lutte contre le blanchiment d’argent, et n’auront pas le droit de proposer de rendements implicites ou non transparents.
Le projet de loi inclut également une disposition sur les stablecoins émis à l’étranger : ceux-ci ne pourront être distribués sur le territoire américain que s’ils respectent des normes de sécurité et de supervision équivalentes à celles imposées aux acteurs locaux. Ces mesures visent à protéger les utilisateurs tout en assurant une meilleure stabilité du système financier, dans un contexte où les volumes de stablecoins n’ont jamais été aussi élevés.
Un équilibre politique fragile mais réel
La version révisée du GENIUS Act a permis de rallier plusieurs sénateurs démocrates, jusque-là critiques. Seize d’entre eux ont finalement soutenu la procédure de cloture du débat, après l’ajout de clauses renforçant la protection des consommateurs. Le texte est désormais jugé “plus complet” par des élus comme Ruben Gallego, qui a activement participé aux négociations.
Cependant, certains points restent sensibles. Un amendement visant à interdire aux membres du Congrès d’émettre ou de détenir des stablecoins a été proposé, mais il ne s’appliquerait pas pour l’instant, au président des États-Unis. Ce flou alimente encore des tensions, comme on le souligne dans cet article de WEN qui revient sur le point clé encore en discussion.
Une première brique vers une régulation plus large
Si le vote final est favorable, le texte sera transmis à la Chambre des représentants, étape cruciale avant une éventuelle promulgation. Mais le GENIUS Act ne représente qu’une première brique : il ne couvre que la régulation des stablecoins, laissant en suspens les autres segments du marché crypto. Une seconde loi, axée sur la structure globale des marchés numériques, est déjà en préparation. Elle pourrait à terme poser les fondations d’un écosystème réglementé, lisible et compétitif pour les acteurs américains.
L’adoption du GENIUS Act constituerait donc bien plus qu’une mesure technique : ce serait un signal fort de la volonté des États-Unis de sortir de l’ambiguïté réglementaire et de reprendre le leadership sur les standards financiers numériques à l’échelle mondiale.
