L’Europe bancaire contre-attaque. Alors que les géants américains (USDC, USDT) règnent en maîtres absolus sur le marché des stablecoins, un consortium historique de dix banques européennes vient de dévoiler sa carte maîtresse : Qivalis.
Avec l’arrivée officielle de BNP Paribas à bord, ce projet n’est plus une simple expérimentation, mais une offensive stratégique majeure pour la souveraineté numérique du Vieux Continent.

Le pourquoi du comment
Le constat est sans appel : le marché des stablecoins (estimé à plus de 170 milliards de dollars) est dominé à 99% par le dollar américain.
Jusqu’à présent, les institutions financières européennes dépendaient de rails de paiement vieillissants (systèmes SEPA classiques, SWIFT) ou devaient passer par des solutions américaines pour profiter de la vitesse de la blockchain. Qivalis arrive pour combler ce vide béant : offrir une infrastructure de règlement instantanée, programmable et libellée en Euro.
L’analogie « Visa » : Si l’on considère les stablecoins comme les nouveaux rails de paiement d’internet, laisser le monopole aux acteurs US reviendrait à laisser Visa et Mastercard gérer l’intégralité des échanges cash en Europe. Qivalis veut être l’infrastructure souveraine de ce nouveau monde.
Une alliance de poids lourds
L’annonce de l’arrivée de BNP Paribas est un signal fort. La banque française rejoint d’autres géants comme ING ou KBC dans cette coentreprise. Contrairement aux stablecoins « crypto-natifs » (comme Tether), Qivalis mise sur une approche « Institutionnelle First ».
La direction a été confiée à des experts hybrides entre la finance traditionnelle et la Tech :
- CEO : Jan-Oliver Sell (ancien de Coinbase et Binance).
- Président : Howard Davies (ancien président de la NatWest et ex-gouverneur adjoint de la Banque d’Angleterre).
Ce mélange des genres prouve que les banques ne veulent plus seulement « observer » la crypto, mais en devenir les opérateurs.
La réglementation MiCA
Pourquoi attendre 2026 ? Parce que la conformité est le véritable « produit ».
Le règlement européen MiCA (Markets in Crypto-Assets), pleinement entré en vigueur fin 2024, a nettoyé le marché. Là où les stablecoins américains naviguent parfois dans des zones grises réglementaires, le token de Qivalis sera, dès sa naissance, un E-Money Token (EMT) entièrement régulé.
Cela garantit aux trésoriers d’entreprises et aux fonds d’investissement qu’ils peuvent utiliser cet outil pour des règlements de milliards d’euros sans risque juridique.
Qivalis vs Euro Numérique (famoso MNBC) : quelle différence ?
Il est crucial de ne pas confondre le projet Qivalis avec l’Euro Numérique actuellement préparé par la Banque Centrale Européenne (BCE).
En effet, l’Euro Numérique de la BCE sera l’équivalent dématérialisé des billets de banque, c’est-à-dire une monnaie de banque centrale orientée vers le grand public pour les paiements du quotidien.
À l’inverse, Qivalis constitue une monnaie de banque commerciale tokenisée, spécifiquement conçue pour des usages professionnels tels que la gestion des flux interbancaires, la tokenisation d’actifs financiers comme les obligations et les actions sur la blockchain, ainsi que pour répondre aux besoins de trésorerie complexes entre entreprises (B2B).
