Si vous entendez parler de Solana, les premiers mots qui peuvent vous venir en tête sont “memecoins” et “pas cher”. Pour le premier point, nous n’allons pas nous y attarder aujourd’hui laissons cela aux degens du CT FR. En revanche, le second point, d’un point de vue fondamental, est bien plus intéressant.
À force d’être perçue comme une blockchain rapide, peu coûteuse et efficace, Solana s’est retrouvée débordée par sa propre demande : comme un chien qui se mord la queue, le réseau subit désormais de nombreux bugs et la blockchain cesse de fonctionner “régulièrement” (environ une fois tous les trois mois).
Pour une blockchain qui vise la première place et souhaite devenir une référence dans l’écosystème, cette situation n’est pas tenable à long terme. Cela ne permet pas non plus d’accorder la confiance des grands protocoles de la finance traditionnelle pour venir se développer sur Solana (contrairement à Ethereum). Pourtant, il ne faut pas enterrer Solana : les développeurs et la communauté sont conscients de ce problème et ont d’ailleurs trouvé une solution très intéressante, validée par l’ensemble de l’écosystème. Voici Alpenglow, le changement de paradigme de Solana 👇🏽

Une mise a jour nécessaire
Actuellement, Solana fonctionne grâce à un consensus en Proof-of-History (PoH), qui devient de plus en plus rigide au fur et à mesure que le réseau grandit.
Le Proof of History (PoH) est un mécanisme inventé par Solana pour organiser les transactions dans le temps, sans avoir besoin d’un horodatage externe.
Dans une blockchain classique, les validateurs doivent se mettre d’accord sur l’ordre des transactions, ce qui peut ralentir le réseau. PoH résout ce problème en générant une horloge cryptographique interne. Cette horloge est créée à l’aide d’une fonction de hachage (SHA-256) répétée en boucle. Chaque sortie dépend de la précédente, créant une chaîne de hachages impossible à falsifier, et vérifiable rapidement.
Chaque événement (transaction, bloc, etc.) est inscrit dans cette chaîne avec un « horodatage » prouvable. Cela permet aux nœuds du réseau de savoir dans quel ordre les choses se sont produites, sans coordination préalable.
C’est grâce à ce fonctionnement que Solana peut traiter des milliers de transactions par seconde, car les validateurs peuvent travailler en parallèle en se basant sur cette « preuve du temps ».
Cependant, ce mécanisme montre aujourd’hui ses limites. D’abord, il repose fortement sur un leader unique qui maintient cette horloge, créant un point de défaillance critique. En cas de crash ou de retard du leader, c’est tout le réseau qui en subit les conséquences.
Mais ce n’est pas tout. Pour bien comprendre l’importance d’Alpenglow, il faut comprendre le second mécanisme fondamental de Solana : le « Tower BFT ».
Ce mécanisme correspond au temps de finalisation d’un bloc, ce qui permet la fermeture d’un bloc et donc l’assurance que toutes les transactions à l’intérieur du bloc soient validées et donc soient exécutées. Actuellement, il est de 12,8 secondes, ce qui est bien trop long. À titre de comparaison, le temps de finalisation sur Ethereum est de 12s, sur Avalanche il est de 2s, sur Near 2s et sur Sui 1s. Vous voyez où nous allons : c’est beaucoup trop lent.
Pour résumer, actuellement Solana fait face à deux problèmes, un d’exécution et un autre de stockage. Ravi de vous annoncer que ce temps est révolu, et voilà pourquoi.
Alpenglow : la solution miracle.
Alpenglow, une mise à jour développée par Anza Research, une équipe de chercheurs chez Solana Labs, est une refonte complète du fonctionnement et de l’architecture de la blockchain, en introduisant 2 nouveaux paradigmes : « Rotor » et « Votor ».
Tout d’abord Rotor, c’est le nouveau protocole de diffusion de blocs introduit par Solana dans le cadre d’Alpenglow. Il remplace l’ancien système de diffusion « Turbine » et marque une avancée majeure dans la manière dont les données sont propagées sur le réseau. Rotor fonctionne en découpant chaque bloc en slices, elles-mêmes fragmentées en shreds. Grâce à ce procédé, les nœuds n’ont besoin que d’une fraction des shreds pour reconstruire un bloc, ce qui augmente la résilience et la rapidité.
Contrairement à Turbine, Rotor sélectionne des nœuds relais en fonction de leur staking pour diffuser les données, ce qui élimine le goulot d’étranglement au niveau du leader. Chaque relais envoie les shreds à tous les autres nœuds en utilisant pleinement leur bande passante. Cela permet une diffusion quasi-instantanée et proportionnelle à la capacité réelle du réseau.
En cas de perte de données, un mécanisme de Repair permet aux nœuds de récupérer les morceaux manquants.
Rotor rend la couche de données de Solana aussi rapide et robuste qu’un système Web2, tout en conservant les garanties de décentralisation.
Rotor rend la confiance aux utilisateurs énoncée en introduction, mais ce n’est pas tout, il n’est pas la seule amélioration dans cette mise à niveau. Si Rotor c’est la confiance, alors Votor c’est la performance.
Votor est le nouveau protocole de consensus de Solana introduit avec Alpenglow. Il remplace à la fois Proof of History (PoH) et TowerBFT, deux composants historiques devenus limitants.
Votor repose sur un système de vote ultra-rapide basé sur le staking des nœuds.
- S’il atteint 80 % de participation, un bloc est finalisé en un seul tour.
- Si seulement 60 % des mises participent, le protocole passe en mode deux tours, sans ralentir le système puisque les deux modes s’exécutent simultanément.

Grâce à ce mécanisme, là où la finalité était de 12,8s, elle est désormais de 100 à 150 ms, ce qui est un changement énorme, car cela en fait désormais la blockchain avec le temps de finalisation le plus rapide de l’écosystème. Votor s’adapte à la latence réelle du réseau, plutôt que de s’appuyer sur des délais fixes, ce qui améliore la flexibilité et l’efficacité du système.
En plus de ces gains de performance, Votor permet une réduction massive des coûts d’exploitation pour les validateurs : le coût d’entrée annuel est passé d’environ 800 000 $ à 160 000 $, soit une baisse de 80 %, rendant le rôle de validateur bien plus accessible et offrant ainsi la possibilité d’en augmenter le nombre.
En résumé Votor élimine les dépendances lourdes de PoH, supprime les attentes conservatrices de TowerBFT, et apporte une structure de vote simple, rapide et efficace. C’est le cœur du nouveau Solana : une L1 rapide, sécurisée et prête pour des applications Web2 en temps réel.
Quelle perspective d’avenir pour Solana ?
Cette mise à niveau, plus qu’une simple mise à jour, permet à Solana de prétendre à être une blockchain majeure dans l’adoption du Web2 et dans l’implantation de nombreuses applications plus traditionnelles. Grâce à la finalité en moins d’une seconde, Solana pourra accueillir des applications interactives et exigeantes en rapidité, comme des jeux, des plateformes sociales ou des solutions de paiement instantané. Cette mise à jour pourrait attirer de nouveaux acteurs, notamment des entreprises cherchant à déployer des services nécessitant une grande réactivité et une forte capacité transactionnelle.
D’un point de vue beaucoup plus tech et crypto fondamentale, Alpenglow pose les bases pour l’intégration de solutions Layer 2 et d’autres innovations, permettant à Solana de rester à la pointe des évolutions du secteur crypto. Rotor, en facilitant la rotation des leaders du réseau, améliore la résilience et la flexibilité du système, ce qui est crucial pour la sécurité et la robustesse à long terme.
Sans parler de son token, le $SOL, qui profitera forcément de la nouvelle utilisation de la blockchain, vu qu’il est le token natif de celle-ci. La pression acheteuse ne fera qu’augmenter car les investisseurs, ayant confiance en l’avenir du projet, viendront renforcer leurs positions.
Une mise a jour sans défaut ?
Malgré les avancées majeures promises par Alpenglow, cette mise à jour comporte plusieurs défis importants.
La transition vers un nouveau protocole de consensus, avec les systèmes Votor et Rotor, est une opération technique complexe qui nécessite une coordination parfaite entre tous les nœuds pour éviter des interruptions ou des bugs critiques.
Accélérer la finalisation des blocs à seulement 100-150 millisecondes pose aussi la question de l’équilibre entre vitesse et sécurité : il faudra s’assurer que cette rapidité n’entraîne pas de vulnérabilités ou de failles dans le consensus.
De plus, l’adoption d’Alpenglow impose une adaptation rapide de l’ensemble de l’écosystème, ce qui peut générer des incompatibilités ou des difficultés d’intégration temporaire. Enfin, tant que Solana reste dépendante d’un seul client de production (Agave), un risque systémique subsiste en cas de faille majeure.
On conclue sur Alpenglow
Ce réel changement de paradigme a le potentiel de permettre à Solana de venir rivaliser avec le Web2 en termes de performance et de proposition de valeur. Si la mise à jour se concrétise, elle pourrait bien devenir la blockchain majeure de notre écosystème.
Que ce soit d’un point de vue économique ou fondamental, cette maj est à ne pas prendre à la légère et pourrait bien redistribuer les cartes dans les prochaines années.
