Peu connu du grand public mais incontournable dans les cercles de pouvoir, Scott Bessent est l’un des cerveaux les plus affûtés de la finance mondiale. Derrière son profil discret se cache un fin stratège qui, depuis plus de trois décennies, conseille, influence et parfois façonne les grandes orientations économiques des États-Unis et au-delà. De son passage chez Soros Fund Management à son poste actuel de secrétaire au Trésor sous la présidence Trump, son parcours est une véritable traversée des arcanes de la macroéconomie et de la haute politique.
WEN vous propose aujourd’hui un portrait complet de cette personnalité clé, dans le droit fil de notre mission : mettre en lumière les indicateurs, les dynamiques et surtout les figures de proue qui construisent la macroéconomie contemporaine.
Un parcours brillant, entre finance et stratégie globale
Né en août 1962 en Caroline du Sud, Scott Bessent est diplômé en sciences politiques de l’université de Yale. S’il commence sa carrière dans la banque traditionnelle chez Brown Brothers Harriman, c’est en rejoignant Soros Fund Management en 1991 qu’il entre véritablement dans la légende financière. Il y devient l’un des artisans de l’opération de 1992 contre la Banque d’Angleterre, le fameux « mercredi noir », qui propulse George Soros au rang de légende et fait de Bessent un acteur central du monde macro.
Durant ses années chez Soros, il dirige plusieurs portefeuilles à plusieurs milliards de dollars et se spécialise dans l’analyse macroéconomique globale, une compétence qui deviendra sa marque de fabrique. En 2015, il fonde Key Square Capital Management, un hedge fund qu’il pilote avec une approche macro centrée sur la recherche fondamentale, les déséquilibres monétaires et les tendances géopolitiques.
L’entrée en politique : secrétaire au Trésor de Donald Trump
En novembre 2024, après la réélection de Donald Trump, le nom de Bessent circule parmi les plus sérieux pour prendre les rênes du département du Trésor. Confirmé en janvier 2025, il devient ainsi le 79e secrétaire au Trésor des États-Unis. Pour Trump, ce choix est stratégique : il mise sur un technicien de haut vol, discret mais ultra-compétent, capable de mettre en œuvre une vision économique musclée et souverainiste, sans effrayer les marchés.
À peine en poste, Bessent fait parler de lui en coupant 2 milliards de dollars dans le budget informatique de l’IRS (le fisc américain), sans perturber son fonctionnement. Une opération chirurgicale saluée pour son efficacité budgétaire. Il autorise aussi l’accès de l’équipe d’Elon Musk aux systèmes de paiement du Trésor, une ouverture audacieuse, qui marque un tournant dans la collaboration public-privé sur les infrastructures financières.
Autre mesure marquante : sa proposition, avec le secrétaire au Commerce Howard Lutnick, de créer un fonds souverain américain, à l’image de ceux de la Norvège ou des Émirats, dans le but de mieux capter la valeur de certaines ressources stratégiques nationales.

Un rôle pivot dans la macroéconomie mondiale
Depuis sa nomination, Scott Bessent s’est imposé comme l’un des architectes les plus influents de la politique économique américaine. Son approche repose sur une combinaison de mesures protectionnistes, de réformes fiscales et de stratégies monétaires visant à renforcer la position des États-Unis dans l’économie mondiale.
Parmi ses initiatives notables :
- Réduction du déficit budgétaire : Bessent vise à ramener le déficit à 3 % du PIB d’ici 2028, en combinant des réductions de dépenses et une croissance économique stimulée par la déréglementation.
- Promotion de la production nationale : Il soutient des politiques visant à augmenter la production de pétrole de 3 millions de barils par jour, renforçant ainsi l’indépendance énergétique des États-Unis.
- Réforme du système fiscal : Bessent plaide pour des réductions d’impôts permanentes pour les entreprises, afin de stimuler l’investissement et la compétitivité.
- Utilisation stratégique des tarifs douaniers : Il considère les tarifs comme un outil pour corriger les déséquilibres commerciaux et protéger les industries nationales.
Ces politiques ont un impact significatif sur la macroéconomie mondiale, influençant les flux commerciaux, les taux de change et les décisions d’investissement à l’échelle internationale.
En première ligne sur la scène géopolitique : le dossier chinois
En mai 2025, Scott Bessent est désigné par la Maison-Blanche comme chef des négociations commerciales avec la Chine, dans un contexte tendu marqué par des hausses spectaculaires des droits de douane de part et d’autre (145 % pour les États-Unis, 125 % côté chinois).
Les pourparlers prévus en Suisse du 9 au 12 mai sont considérés comme une tentative de désescalade, plus que comme une négociation en bonne et due forme. Bessent a d’ailleurs insisté publiquement sur ce point : il s’agit d’ouvrir un canal de communication, pas de signer un accord dans l’immédiat. Son approche, méthodique, mesurée, mais ferme, reflète sa vision long terme et sa maîtrise des rapports de force économiques internationaux.
Pour mieux comprendre les enjeux, notre point complet sur la stratégie géopolitique chinoise est là 🙂
Pourquoi WEN s’y intéresse
Chez WEN, nous pensons qu’il est crucial de comprendre non seulement les chiffres et les tendances du marché, mais aussi les personnalités qui les influencent. Scott Bessent est de celles-là : un homme de l’ombre dont les décisions ont des conséquences très concrètes sur les taux, les flux de capitaux, les politiques monétaires, et donc sur les marchés crypto et traditionnels.
Notre ambition est de décrypter ces profils avec rigueur, clarté et profondeur. Mettre la lumière sur des acteurs comme Bessent, c’est offrir aux investisseurs et passionnés de macro un prisme essentiel pour anticiper les mouvements à venir. Car la macroéconomie ne se résume pas à des indicateurs : elle est aussi façonnée par des visions, des convictions, et des jeux d’influence.
